Mairie de Villiers en Lieu



Villiers en Lieu dans la guerre

 

Le Village pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Après la Grande Guerre, nous allons relater aujourd'hui la vie de notre village pendant la guerre 1939-1945. Mais auparavant, voyons quelles sont les causes de ce conflit.

Depuis 1936, on sent que la guerre est proche. Le traité de Munich ne sera d'ailleurs qu'un leurre et permettra surtout. A HITLER de tester ses adversaires. Il a déjà annexé la Sarre, l'Autriche et une grande partie de la Tchécoslovaquie.

D'autre part il a conclu différentes alliances avec MUSSOLINI, le Japon et 1a Russie en 1939. Sous le prétexte de libérer des minorités allemandes il envahit la Pologne le 1er septembre 1939. L'Angleterre, puis la France, déclarent la guerre à l'Allemagne le 3 septembre. Mais de cette date jusqu'au 10 mai 1940, on va assister à ce qu'en appellera la drôle de guerre. Les alliés ne se sentent pas assez forts pour attaquer et poursuivent leur préparation. D'autre part, la ligne Maginot, réputée infranchissable, nous donne une fausse impression de sécurité. HITER, quant à lui, préfère ne pas avoir à se battre sur deux fronts et attend d'en avoir terminé à l'Est pour se retourner contre la France.

Dans les premiers jours qui suivent la déclaration de guerre, un millier de mobilisés arrivent à Villiers-en-Lieu. Ils sont rattachés au camp de St-Eulien et sont destinés à former le 372éme régiment d'artillerie lourde. Ils logeront dans notre village jusqu'à Pâques 1940. Durant cette période, ils rendront de menus services aux habitants. Ensuite viendront des coloniaux, principalement des Tunisiens.

Au début du mois de mai, des avions ennemis survolent le village et lancent des tracts intitulés «?Paris-Noir?», destinés à démoraliser les populations.

Le 10 mai, les Allemands passent à l'offensive et envahissent la Hollande et la Belgique. Nos troupes vont à leur secours et les troupes ennemies en profitent pour attaquer dans la région de Sedan, le 14 mai. Avant de poursuivre leur marche sur Paris, ils effectuent une manœuvre de liquidation (La poche de Dunkerque). Au cours de ce même mois de mai, l'aviation allemande bombarde la base de St-Dizier et du 15 mai au 12 juin les habitants assisteront aux bombardements de Vitry-le-François destinés à détruire la gare et empêcher tout trafic.

Dès le début du mois de juin, un grand nombre de réfugiés, originaires pour la plupart des Ardennes et de la Marne, traversent notre village. La situation devient alarmante, d'autant plus que les 6 et 7 juin les fronts de la Somme et de l'Aisne sont enfoncés.

Le 13 juin, M. AUBRIOT, maire de la commune, se rend à la sous-préfecture afin d'avoir de plus amples informations. Là, il lui sera assuré qu'aucun danger immédiat ne menace la population et que par conséquent il faut la rassurer. De plus, des cartes de réfugiés lui sont données mais elles ne doivent pas être distribuées pour le moment. Dans l'après-midi, une bonne nouvelle circule ; les armées allemandes ont été arrêtées et reculent même par endroits de 25 à 30 km. Cette nouvelle, les habitants ne tardent pas à en avoir la « confirmation?».

A 18 h 30, une avant-garde allemande composée de huit chars approche de l'entrée Est du village. 

Ils détruisent un camion militaire français et tuent un sous-officier qui se trouvait à son bord. Un soldat tunisien isolé, dont la compagnie est partie la veille, est grièvement blessé.

Il sera recueilli dans une famille et exécuté deux jours plus tard par un officier allemand. M. MARCHAND, adjoint, viendra à la rencontre des Allemands et recevra l'assurance qu'il ne sera fait aucun mal à la population civile. Après avoir traversé le village, les chars opèrent un demi-tour et s'en vont, quelques soldats armés d'une mitrailleuse, sont laissés près du passage à niveau et interdisent l'entrée dans le village. Les Bragards seront prévenus par téléphone de l'arrivée de l'ennemi. Une demi-heure plus tard, un escadron de cavalerie et une batterie d'artillerie pénètrent dans le village et semble ignorer totalement la situation.

Prévenus par quelques habitants qu'ils croiront difficilement d'ailleurs (il leur faudra voir le camion en flammes pour en être certain) de la présence des Allemands, ils brûlent leur seul camion et s'enfuient en direction du bois de Villiers.

Dans les jours qui suivent, les troupes de passage se servent largement en nourriture et emmènent même les chevaux qu'elles trouvent dans les prés. Le 14 juin, tous les hommes sont rassemblés sur la place et leur situation militaire est examinée. D'autre part, ils reçoivent l'ordre de déposer en mairie toutes les armes qui sont en leur possession. Les Allemands avertissent la population qu'en cas d'attentat, dix otages seront bien sûr fusillés.

Le 15 juin, M. le curé reçoit la visite d'un jeune lieutenant qui lui apprend qu'un soldat allemand a été trouvé décapité et que par conséquent le village sera brûlé et les otages fusillés. Est-ce vrai?? Toujours est-il que cette visite n'aura aucune suite. Puis, sans transition et le plus calmement du monde, cet officier parle de la persécution religieuse dans son pays et du châtiment qui est réservé à plus ou moins longue échéance à HITLER. Pense-t-il réellement ce qu'il dit ou tend-il un piège. M. le curé n'a pas essayé, par mesure de prudence, d'approfondir la question.

L'armistice, demandé le 16 juin, est signé le 22 à Rethondes. Dès le 25 juin, notre village est occupé tout d'abord par des troupes de passage, puis en 1941 par les aviateurs qui établissent leur quartier général au château. Ils y resteront jusqu'à la fin de la guerre et les habitants auront peu à souffrir de cette occupation. D'autres maisons seront bien sûr réquisitionnées pour la troupe comme la villa d'Alsace et la villa «?au clos?».

Pendant l'occupation, les maquisards de la région ne restent pas inactifs. Ils provoqueront le déraillement d'un train de marchandises qui obstruera pendant quelque temps les voies. Les Allemands réquisitionneront des hommes pour garder les voies.

A partir de 1942, l'aviation alliée bombardera la base de Saint-Dizier. Les bombardements s'intensifieront en 1943 et surtout en 1944. Des bombes tomberont même dans les champs à proximité du village et la commune sera déclarée zone dangereuse. La municipalité conseillera l'évacuation des enfants. 

Malgré cela bien peu de familles quitteront le village.

Le 24 avril 1944, le maire délègue ses pouvoirs à un comité de défense passive formé de trois membres ; M. PIERROT en assure la direction, M. PINTAT la permanence de jour et M. le curé dirige le service sanitaire. Le village est divisé en 5 ilots ou quartiers ayant un chef à leur tête. Ceux-ci sont aidés dans leurs taches par des agents de liaison. De plus, la compagnie de sapeurs-pompiers voit ses effectifs augmenter et un poste de secours est installé à la cure. Ce comité, en plus de son rôle de protections a le droit de réquisition, mais à aucun moment il n'aura à user de ce droit.

Les habitants ont bien sûrs, connu pendant l'occupation, les fameuses cartes d'alimentation. Mais en 1944, la situation s’aggrave ; il devient très difficile de se procurer les principales denrées alimentaires malgré les cartes, tickets ou bons. Bien souvent, les ménagères font la queue plusieurs heures pour s'entendre dire que le stock est épuisé. Et pourtant les rations accordées sont bien faibles ; 60 grammes de viande par personne et par semaine, 200 à 300 grammes de pain par jour, un quart de litre de lait (un demi-litre pour les jeunes enfants), 500 grammes de sucre en moyenne par mois. Les travailleurs ont droit à 4 litres de vin par mois et les fumeurs à deux paquets de tabac. Bien sûr, comme partout, il est possible d'acheter certaines denrées. Les habitants éprouvent les mêmes difficultés à se procurer des vêtements et surtout des chaussures qui sont pratiquement introuvables. Cette situation se prolongera quelque temps encore après la guerre.

Le 6 juin, les troupes alliées débarquent en Normandie. A la fin du mois d'août, quelques jours avant la libération de Villiers-en-Lieu, les Allemands réquisitionnent un grand nombre de chambres pour le cantonnement d'un bataillon S.S. Cette nouvelle n'est pas sans inquiéter les habitants et ce d'autant plus que les S.S, viennent dans le but d'opposer une vive résistance à l'avance américaine. Notre village risque donc de connaître des heures bien sombres. Heureusement, les maquisards sabotent la ligne de chemin de fer Revigny - St-Dizier, si bien que le bataillon S.S. ne pourra arriver à temps.

Malgré tout, en cette fin août, les habitants seront obligés d'accueillir quelques bataillons S.S. et quelques éléments de l'Africa-Korps. Ils occupent une partie du village et la cure. Il existe une certaine tension entre les aviateurs et les S.S. et il semble que certains heurts se soient produits. Les S.S. manifestent en effet l'intention d'incendier le village, ce que les aviateurs veulent empocher à tout prix. Pendant toute la durée de l'occupation ceux-ci ont vécu tranquillement et cet acte criminel risquait fort de se retourner contre eux.

Les troupes américaines approchent et dans la nuit du 29 août, aviateurs et S.S. quittent précipitamment notre village, il semble donc que la libération de notre village soit déjà faite. Le 30 août, dès le matin, on entend distinctement les tirs des mitrailleuses et le ronflement des moteurs des chars. L'instant tant attendu approche. Quelques instants après une troupe allemande composée d'éléments divers, venant de Vouillers, pénètre dans le village. 

Immédiatement chacun rentre chez soi. Au même moment un avion de reconnaissance américain survole le village et repère les Allemands. Ceux-ci, craignant toujours une attaque des maquisards, longent les murs, prêts à tirer. C'est à ce moment que se produit le premier épisode tragique de la libération. Trois jeunes gens sont cachés dans une maison qui était située sur la place de la mairie. Les Allemands encerclent cette bâtisse abandonnée et font sortir les trois jeunes, mains en l'air et les a1ignenent contre le mur. C'est un peu plus tard, que l'un d’entre eux, Serge GRELET, 18 ans sera abattu. Voici le récit que l'un des deux survivants fait de ce drame. « Nous étions enfermés dans une chambre, fenêtre fermée. Un volet manquait et nous regardions d'un coin de la chambre. Soudain un soldat vient à la fenêtre et nous oblige à sortir sous la menace de son arme. Il nous fait mettre contre le mur, mains en l'air, puis reprend sa place dans la colonne et s'en va. Un des suivants nous ordonne de partir « RAUS?», mais au même moment il tir un coup de revolver dans la tête de notre ami Serge, qui s'écroule sur le trottoir?».

Une personne a assisté à la scène et fait appel à M. le curé qui se retrouve seul dans la rue avec la victime. Les derniers. Allemands s'étant éloignés, quelques jeunes sortent, démontent une porte qui sert de brancard avec lequel il transporte le jeune homme à la cure.

Pendant ce temps, les Américains, prévenus par le pilote de l'avion de reconnaissance, ont tenté une manœuvre de d'encerclement : une colonne de chars avance par le nord, l'autre par le sud et la troisième pénètre dans le village par la Grande Rue. Les Allemands sont surpris ; certains se rendent immédiatement, mais la plupart cherche à fuir soit en direction de Saint-Dizier, soit vers les bois. C'est là que les Américains les attendent et une courte bataille s'engage. Bilan pour les Allemands : 6 ou 7 tués, plusieurs blessés et de nombreux prisonniers. Au cours de cette fuite, un Allemands se réfugiera dans la cave de M. GUYOT. Il sera capturé par les F.F.I. au moment où il tentera de mettre le feu à la ferme.

Au cours de cette bataille, un autre drame va se produire. De nombreux habitants avaient construit dans le fond de leur jardin des tranchées abris, afin de s'y réfugier pendant les bombardements du camp d'aviation.

Les Américains pensent que des Allemands  y sont retranchés et ne veulent prendre aucun risque, aussi bombardent-ils. Malheureusement, dans l'une des tranchées se trouvent cinq personnes. Deux d'entre elles sont tuées par un obus : Mme LINGUENHELD et le jeune Hubert PARTY âgé de 14 ans. Les trois autres occupants, M. LINGUENHELD et ses deux fils sont gravement blessés.

A midi, les Américains stationnent dans le village. Il y a des chars dans toutes les rues et même dans les prés environnants. A ce moment, deux avions ennemis survolent Villiers à faible altitude. La réaction des soldats est immédiate, ils plongent le nez dans la poussière. Mais les aviateurs n'ont nulle intention de réaliser un «?carton?». Il semble qu'ils aient voulu se poser sur le champ de Robinson, ignorant que celui-ci était déjà aux mains des alliés. 

Le lendemain, les habitants apprennent qu'un de leurs concitoyen, Paul GUILLAUME a été tué lors de la libération de Chancenay. Le 2 septembre, les quatre victimes sont inhumées en présence d'une foule nombreuse.

Après la libération, des aviateurs Américains vont remplacer les Allemands. Ils occupent le château et un immense baraquement qui se trouve à proximité. Mais le manque de place va les obliger à installer des tentes dans le parc. Le terrain de Robinson se révèle lui aussi trop petit et un terrain annexe destiné à une escadre de chasse sera installé dans les champs entre le passage à niveau de la route de Vouillers et le croisement avec la route de Perthes. Chaque jour ces aviateurs partent en opération.

Après le départ des Américains, la base de Saint-Dizier sera occupée par des aviateurs français d'Afrique du Nord, il s'agit du groupe « Maroc?». Ils sont équipés de maraudeurs, bombardiers légers, et effectueront de très nombreuses missions sur l'Allemagne.

Bon nombre d'entre eux logent à Villiers-en-Lieu et ils disposent même d'un foyer rue Malliard et d'un mess situé à l'emplacement actuel de la maison Masson. Ces pilotes furent très vite adoptés par la population.

Le 8 mai 1945, les habitants apprennent la capitulation sans condition de l'Allemagne. Ce jour-là sera jour de liesse. Pendant vingt-quatre heures les jeunes gens de Villiers vont se relayer pour sonner les cloches. Les aviateurs ont pris soin de déposer dans le clocher de la nourriture et... un tonneau de vin. Le soir même, toute la population participe à une retraite derrière la jeune fanfare que le directeur M. Pierre JEANSON avait reconstitué en hâte pour la circonstance. De plus, il y aura bal toute la nuit au foyer et au mess.

Ainsi se terminait pour notre village la seconde guerre mondiale qui avait mis à feu et â sang le monde entier. Paradoxalement, c'est lors de la libération que Villiers a connu ses heures les plus sombres, mais il faut bien se dire que sans un concours de circonstances assez heureuses le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd. 

Texte de Mr Leriche


30 août - la libération

C’est le 30 aout 1944 que notre village fut libéré du joug nazi. Après avoir libéré Troyes, Chalons en Champagne et Vitry le François, la 4ème division blindée américaine prend la direction de St-Dizier, pour ensuite partir vers la lorraine et bien sur l’Allemagne.

Après la nuit, les Américains entoure Saint-Dizier au matin. Malheureusement cette libération ne se fera pas sans heurts.

La compagnie B du lieutenant James Leach entre dans Villiers en Lieu pour prendre la ville par le nord.

Caché dans une maison désaffectée près de la mairie, trois jeunes sont découverts par les Allemands, qui les font sortir. Dans cette action, le jeune Serge Grelet sera mortellement blessé d’une balle dans la tête. 

Les Américains eux, font une terrible erreur en tirant un obus dans une tranchée au fond d’un jardin, pensant débusquer des Allemands cachés. Malheureusement, il y avait une famille et deux personnes sont tuées. Léa Linguenhed et Jean Party sont décédés sur le coup.

Lors de la bataille dans la commune, sept Allemands sont tués.

Un autre enfant du village décèdera dans la bataille de Chancenay. Paul Guillaume, du maquis Mauguet meurt pendant la libération de Chancenay le 30 août. 


        
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